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Je ne suis pas né à la bonne époque.
Les relations sociales de notre temps ne me conviennent pas.
L’entraide, la promiscuité et la solidarité c’est clairement l’inverse de ce que le paradigme idéologique actuel veut. On préfère construire son petit soi, sans se préoccuper de l’autre. L’autre est dispensable. On ne communique plus vraiment.
Nous avons survécu et nous survivons parce que nous sommes des animaux sociaux. Mais nous l’oublions trop vite.
Les ragots par exemple, représentent une forme de communication essentielle pour signaler un danger ou au contraire, la sûreté.
Quand tout va bien on veut le partager avec des proches (Nouveau logement, une naissance, un anniversaire, etc.).
Quand tout va mal aussi, pour soi, mais aussi pour prévenir l’autre, lui montrer le danger et comment l’éviter (mettez un masque).
Cringe.
Sauf qu’aujourd’hui notre monde est tellement cloisonné, que parler de certains problèmes est vu comme « cringe » (malaisant). Je haïs ce mot, il représente exactement ce que je veux critiquer ici avec ce texte.
La honte, la peur des sentiments trop fort, la coupure dans la communication pour « garder la face » et s’intégrer dans un groupe.
Voir quelqu’un s’effondrer en public : « criiiinnge ».
Avoir dans son entourage un handicap quelconque « ohh crinnnge », etc.
Tout est cringe.
Alors qu’on devrait compatir et aider plutôt qu’éviter, parce qu’un jour cela peut être soi-même ou ses proches mais aussi parce que l’on fait partie d’une société et que chacun est important à sa manière.
Oui c’est naïf, et heureusement que l’on peut encore viser un monde meilleur en écrivant.
On hésite plus à « ghoster ».
Ghoster : Éviter de parler / croiser quelqu’un, l’ignorer.
Est-ce que ça arrivait à l’époque où on vivait dans des villages de quelques centaines d’habitants ? On devait forcément se croiser et s’expliquer un jour ou l’autre.
Pensez à quand vous étiez embrouillé avec quelqu’un au lycée, ça finissait toujours par s’arranger, que l’on décide de ne plus se côtoyer ou que l’on se réconcilie.
A minima il y avait un point final, et les choses étaient claires.
Aujourd’hui on va préférer s’éviter, laisser pourrir (et donc souffrir) plutôt que réparer ou finaliser. Si c’est le paradigme admis par la majorité alors je signe : je ne suis pas fait pour cette époque.
J’ai toujours préféré creuser pour comprendre et arranger. Evidemment cela m’a joué des tours, en persévérant pour une personne qui n’en vaut finalement pas la peine par exemple.
Mais si on essaie pas, on ne peut savoir, non ?
Les relations humaines sont précieuses, plus que l’argent ou la popularité (Ceux qui pensent l’inverse risquent d’errer longtemps dans une existence vide de sens).
Personne n’est foncièrement mauvais, « méchant » ou inutile. On peut être incompatible, on peut changer, clairement, mais avec le respect et l’honnêteté qui vont avec, à minima.
Le rapport avec le Covid Long *svp* ?
Le Covid Long, comme toutes les maladies, y compris la dépression, nous renvoient à notre situation et nous forcent à faire le point.
Pour bien saisir le propos, je vous conseil une excellente conférence (20 minutes) que je vous recommande pour comprendre en quoi la dépression est un phénomène moderne. ⬇️
La situation d’un malade est une exacerbation du phénomène de dépression sociétal, de mise à l’écart et d’individualisme que l’on subit dans un laps de temps si court que l’on met des mois à comprendre ce qui nous arrive.
Pour en arriver à la conclusion que l’on peut rien y faire.
Le trauma c’est l’incapacité à s’aider
Je lis un super livre en ce moment que je vous conseille également : « Le corps n’oublie rien », du psychiatre — Bessel Van Del Kolk.
Je vous met un extrait du livre, qui reflète bien mon état « Covid Long » depuis 1 an (un peu long mais ça vaut la peine).
« Si, pour une raison quelconque, la réaction normale est bloquée par exemple, quand on est cloué au sol, pris au piège ou handicapé, que ce soit lors d'une guerre, d'un accident ou d'un viol, le cerveau continue à sécréter des hormones du stress et ses circuits électriques ne cessent de s'enflammer inutilement.
Longtemps après que le danger est passé, le cerveau peut continuer à envoyer des signaux au corps pour qu'il échappe à une menace qui n'existe plus. Depuis 1889, date à laquelle Pierre Janet a publié le premier traité scientifique sur le stress traumatique, il a été reconnu que les traumatisés avaient tendance à « poursuivre l'action, ou plutôt sa (vaine) tentative, initiée au moment du choc initial».
Être capable de bouger et d'agir pour se protéger est un facteur crucial pour déterminer si une expérience horrible laissera des traces durables. » […]
« L'action efficace, fruit de la réponse de lutte ou de fuite, dissipe la menace. L'immobilisation maintient le corps dans un état de choc inéluctable et dans l'impuissance apprise ainsi.
Confronté au danger, on sécrète automatiquement des hormones du stress pour assurer la résistance et l'évasion.
Le cerveau et le corps sont programmés pour qu'on s'enfuie chez soi, où on retrouvera la sécurité et où les hormones du stress pourront s'apaiser. »
Personnellement, j’ai peur de mourir chaque jour (crises cardiaques post-Covid, c’est fréquent, mais aussi dégénérscence neuro, etc.) , j’ai peur d’avoir un enfant avec ce Covid Long, peur de lui transmettre ce virus et peur des conséquences (oui il y a des études la dessus). Peur que mes proches vivent la mêmes chose que moi, peur de ne pas les avoir assez prévenu, et j’en passe.
SSPT
Le facteur le plus aggravant d’un SSPT (Syndrome de Stress Post Traumatique) est donc de faire face à une situation terrible en étant entravé, bloqué, pris au piège.
Vous savez, comme rester bloqué chez soi à cause de la fatigue, des symptômes, de la peur d’un malaise post-effort ou tout simplement parce que plus personne ne met de masque, et que vous avez la trouille de chopper un autre Covid. Ce genre de piège.

Est-ce que l’on peut s’aider soi-même ?
Le Covid Long entrave tous les mécanismes et le travail réalisé sur soi depuis des années, que ce soit pour outrepasser ses faiblesses, faire face au stress et aux difficultés car l’énergie n’est pas là, mais la douleur est bien là.
Tout ce que j’ai entrepris pour arriver à vaincre ma timidité, ma peur du rejet, et toutes les connaissances que j’ai engrangé au fil des années pour me sentir bien dans ma peau et m’intégrer dans la société ne me sont d’aucune utilité : Je n’ai pas l’énergie suffisante de les utiliser pour me soigner.
Comme si vous aviez travaillé toute votre vie à être un grand tennisman, et que vous perdiez vos bras. Sauf qu’avec le Covid Long, vous n’aurez même pas la force de rebondir, de trouver une autre voie, un autre métier car vous n’avez pas d’énergie. Il n’existe rien de comparable en réalité, c’est une situation qu’il faut vivre pour comprendre, vous êtes tout simplement bloqué, aucune issue. La frustration est immense.
On peut s’aider un peu, mais cela reste limité, on peut atténuer, mais pas se traiter.
Est-ce que les autres peuvent nous aider ?
Malheureusement faire appel à de l’aide extérieure, la solution instinctive qui nous vient après avoir essayé par soi-même en cas de danger, ne vient pas. Malgré nos cris et nos demandes. Notre esprit n’accepte tout simplement pas cette absence de réaction des autres (pas tous hein).
Depuis 30 ans j’ai assimilé « travaille bien, fais tes devoirs, sois respectueux, sois là pour les autres, paie tes impôts » et la société te le rendra. Sauf que non, et la chute est brutale.
Si j’avais su que la société ne me le rendrait pas, et en plus me dénigrerais, j'aurais pu me blinder avant.
Cette vérité glaçante et cet égoïsme (que naïvement, j’ai sous-estimé) vous tombent soudainement sur le coin de la gueule, et ça fait pas rire.
Alors oui c’est un trauma, certes invisible, mais il est bien là. La confiance envers les autres, envers son corps, son énergie, sa vitalité est brisée. On doit la reconstruire différemment et sans énergie.
Aujourd’hui, on se retrouve dans un monde qui dénigre notre situation de malade, on se retrouve confronté au danger constamment, depuis des années sans pouvoir agir.
Écrire fait certes du bien, mais tant que les griefs infligés par la société ne sont pas atténués (être pris en charge et reconnu sur sa condition) et que le virus n’est pas traité, alors nous ne pourrons pas aller mieux.
Merci de m’avoir lu, pensez à aidez les autres si vous le pouvez. Un message, un vocal, un visio, une visite cela peut faire la différence.
Aidez vous si vous n’avez pas de Covid Long : Mettez un masque c’est la fine barrière entre la vie et la mort. Vous ne voulez pas regretter d’avoir perdu votre vie et vos espoirs simplement par honte de porter un masque.